Que de souffrances auraient pu être épargnées aux Juifs si Hitler avait cessé, en 1933, de régner en maître sur l’Allemagne ! C’est ce qui aurait pu arriver, selon l’historien américain Robert Rockaway, professeur émérite de l’université de Tel-Aviv, si le complot visant à assassiner Hitler n’avait été déjoué par les services secrets américains, de crainte que ce crime provoque un incident diplomatique entre les États-Unis et l’Allemagne.
L’historien demeure sceptique. Pourtant, l’année suivante, il découvre, par hasard, dans les archives du FBI, un dossier intitulé « Hitler » et relatant un projet d’assassinat visant le Führer : le dossier 65-53615, dont il rend publics certains documents dans le magazine Tablet. S’y trouve, notamment, une lettre de menace envoyée à l’ambassadeur d’Allemagne aux États-Unis, dans laquelle un certain Daniel Stern fait part de son intention du supprimer le chef du parti nazi : « Monsieur, j’ai demandé au Président Roosevelt de protester publiquement contre votre gouvernement pour les outrages commis à l’égard des Juifs (…). S’il ne le fait pas, je vous indique que je me rendrai en Allemagne pour assassiner Hitler », y lit-on.
D’autres lettres, destinées à la division du ministère de la Justice, qui deviendrait plus tard le FBI, concernent des pourparlers entre les conjurés sur le sort à réserver au Führer. Dans l’une d’elles, on mentionne qu’un jeune juif américain a été choisi pour procéder au meurtre, entre mai et septembre 1933, ainsi que la décision des malfrats, encore indécis, sur la méthode à employer : l’empoisonnement ou le révolver.
Différents documents font mention des tentatives de l'ancêtre du FBI pour déjouer le complot. Un mémo atteste notamment des efforts déployés pour repérer le fameux Daniel Stern. L’enjeu semble de taille : il est question de l’avenir diplomatique entre les États-Unis et l’Allemagne. Des recherches sont menées à l’échelle nationale, mais le supposé tueur désigné reste introuvable. En septembre 1933, les services secrets renoncent à l’enquête. La date butoir prévue pour le meurtre était passée et l’assassinat n’avait pas eu lieu. D’après Robert Rockaway, il est difficile d’évaluer l’avancement du projet, mais tout porte à penser que la mobilisation des services secrets, comme le suggère Dutch, a bel et bien découragé la pègre juive américaine de mettre son plan à exécution. Le mystère n’est toutefois pas totalement résolu, car, selon l’historien, des pages et des documents ont disparu du dossier.
Quelques années plus tard, le professeur prend à nouveau contact avec Dutch et lui fait part de ses découvertes. L’ancien gangster s’exclame alors : « On a dit, plus tard, qu’on avait essayé de tuer Hitler plus d’une douzaine de fois, dans les années 1930. Les personnalités publiques sont bien gardées, mais Hitler, c’était autre chose. On a même essayé de tuer Roosevelt en 1933. C’était moins une. Mais Hitler ? Il était à l’épreuve des balles. Je le jure devant Dieu, le diable lui-même était son garde du corps. D’ailleurs, vous vous souvenez qu’à la fin, le seul type à avoir pu faire la peau à Hitler était Hitler lui-même. »
En 1993, peu de temps avant de mourir, Dutch exprimera, enfin, son regret, à Robert Rockaway, de ne pas avoir réussi à tuer Hitler : « Vous imaginez, lance-t-il, nous serions des héros si nous avions tué ce fils de p***. On nous aurait remis des médailles. »
Sources : www.tabletmag.com, www.lefigaro.fr, www.slate.fr, www.bfmtv.com, www.lesoir.be.
Première publication dans La Centrale (n°345, septembre 2017).
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